trouble
il y a des choses qui troublent.
Il y a des personnes qui troublent, aussi.
La dernière fois, alors que j'étais dans le tram A, vous savez, celui qui va à hôpital Pellegrin, le nez dans "on s'habitue aux fins du monde", de Page, pendant qu'avec Elias, je me prenais une bonne raclée (les livres me transportent, qu'y peux-je?), et pendant que les portes du tram se refermaient avec leur mélodieux BEEEEEEEEEEMMMMMMMMMMMMMPPPPPPPPPPPPPPPPPPPP, laissant dehors l'hôtel de police, entra, de justesse, un môme avec un sac énorme, des cheveux mi longs, un peu emmelés, et une degaine de jeune skatteur.
Vous savez, il était de ces gens -fort nombreux, ma foi-, qui désertent Bordeaux le week end, et vont passer un doux moment dorlotés dans leur foyer. Bref.
Ce môme, ma foi pas très malin, va s'assoir sur son baluchon, devant la porte opposée à celle par laquelle il est entré.
Sans lever les yeux de mon bouquin, je ricane intérieurement, parce que moi, je sais bien qu'à la station suivante, les lycéens blagueurs de lycée lautrec rentreront par là. "Et là, je pensais, héhéhé, il va se retrouver tout démuni, le môme, assis au milieu du chemin!"
Ca n'a bien sûr pas loupé, les portes se sont réouvertes, il a failli tomber, s'est levé aussi sec, et est allé se coller a la barre (ou est-ce un batôn? vous savez, le truc en forme de chupa chups) au milieu de l'allée. Pile en face de moi, de sorte que, si je levais le nez de mon bouquin, je saurais l'observer sans inconfort. Ce que, pour une raison qui m'échappe encore, je fis.
Et là, surprise.
J'ai vu ses yeux, en premier. Ils étaient couleur miel. C'était la première fois que j'en voyais des pareils, ils étaient beaux, ils étaient inhabituellement beaux, ils en devenaient mystérieux. Appuyé sur la chupa chups, droit et fermement campé, tel un marin à sa barre lors d'une tempête, le môme regardait défiler le paysage par les vitres du tram, et parfois, son regard doré accrochait un détail, faisait des va-et-vient entre l'objet de son attention présent et le peut-être objet de son attention futur.
La voix chaude aguicheuse engageante de la salope allumeuse très honnête employée du réseau TBC annonçant " Stade...Chaban-Delmas" m'arracha à la contemplation des mirettes du môme, et je le détallai un peu plus.
Il avait un visage fin et lisse, tout jeune encore, (mais quel âge pouvait-il avoir?), mais surtout, une bouche goumande qui me déconcerta: était-ce, en fin de compte, un môme, ou une môme? Instinctivement, je regardai son torse, tout plat, évidemment.
Le reste de sa personne ne me donnait pas plus d'indices: il devait être grand, pour son âge (mais quel âge pouvait-elle bien avoir?), et il était mince, dans un tee-shirt style à rayures (mais ils le sont tous, un peu tekto sur les bords, ces temps-ci) pas moulant, mais pas très large, avec un pantalon esprit baggy, mais skatteur, donc un peu grand, mais pas immense non plus.
Je relevai les yeux, et m'adonnai à la contemplation de sa bouille: elle faisait une petite moue, qui donnait un air un peu boudeur à son visage presqu'enfantin, mais déja si fin à la fois, et si lisse, et si illuminé par ses yeux si dorés.
J'espérai un instant qu'il parle: mais non, grande maline, sa voix n'a pas encore mué, certainement, si muer elle doit, donc je restai là, à l'examiner sans vergogne, jusqu'a ressentir un certain trouble: je l'ai soudainement trouvée très beau. Je me suis dit que ce jouvenceau androgyne aux yeux safran était sûrement un modèle d'esthétique, si déconcertant, si fascinant...
Et à ce moment, je commençai à réaliser qu'il fallait peut être que je détache mes yeux de l'adonis, cela devait faire un certain temps que je le dévisageais de manière éhontée, et vous savez, cela ne se fait pas, n'est-ce pas?
La madame réseau Tbc interrompit le flot de mes pensées tourmentées en me disant que j'étais enfin arrivée à hôpital pallegrin, qu'il fallait que j'arrête d'importuner l'objet de mon trouble en ayant des considérations si attentionnées à l'égard de sa personne si imparfaitement parfaite.
Alors je suis descendue me prendre quantre heures de cours dans la gueule. Vlan.
(et vu que je dois traverser l'hosto pour arriver à la fac, et que l'hosto, c'est grand, et ben j'écoute sur le chemin REM: losing my religion)
Il y a des personnes qui troublent, aussi.
La dernière fois, alors que j'étais dans le tram A, vous savez, celui qui va à hôpital Pellegrin, le nez dans "on s'habitue aux fins du monde", de Page, pendant qu'avec Elias, je me prenais une bonne raclée (les livres me transportent, qu'y peux-je?), et pendant que les portes du tram se refermaient avec leur mélodieux BEEEEEEEEEEMMMMMMMMMMMMMPPPPPPPPPPPPPPPPPPPP, laissant dehors l'hôtel de police, entra, de justesse, un môme avec un sac énorme, des cheveux mi longs, un peu emmelés, et une degaine de jeune skatteur.
Vous savez, il était de ces gens -fort nombreux, ma foi-, qui désertent Bordeaux le week end, et vont passer un doux moment dorlotés dans leur foyer. Bref.
Ce môme, ma foi pas très malin, va s'assoir sur son baluchon, devant la porte opposée à celle par laquelle il est entré.
Sans lever les yeux de mon bouquin, je ricane intérieurement, parce que moi, je sais bien qu'à la station suivante, les lycéens blagueurs de lycée lautrec rentreront par là. "Et là, je pensais, héhéhé, il va se retrouver tout démuni, le môme, assis au milieu du chemin!"
Ca n'a bien sûr pas loupé, les portes se sont réouvertes, il a failli tomber, s'est levé aussi sec, et est allé se coller a la barre (ou est-ce un batôn? vous savez, le truc en forme de chupa chups) au milieu de l'allée. Pile en face de moi, de sorte que, si je levais le nez de mon bouquin, je saurais l'observer sans inconfort. Ce que, pour une raison qui m'échappe encore, je fis.
Et là, surprise.
J'ai vu ses yeux, en premier. Ils étaient couleur miel. C'était la première fois que j'en voyais des pareils, ils étaient beaux, ils étaient inhabituellement beaux, ils en devenaient mystérieux. Appuyé sur la chupa chups, droit et fermement campé, tel un marin à sa barre lors d'une tempête, le môme regardait défiler le paysage par les vitres du tram, et parfois, son regard doré accrochait un détail, faisait des va-et-vient entre l'objet de son attention présent et le peut-être objet de son attention futur.
La voix chaude aguicheuse engageante de la salope allumeuse très honnête employée du réseau TBC annonçant " Stade...Chaban-Delmas" m'arracha à la contemplation des mirettes du môme, et je le détallai un peu plus.
Il avait un visage fin et lisse, tout jeune encore, (mais quel âge pouvait-il avoir?), mais surtout, une bouche goumande qui me déconcerta: était-ce, en fin de compte, un môme, ou une môme? Instinctivement, je regardai son torse, tout plat, évidemment.
Le reste de sa personne ne me donnait pas plus d'indices: il devait être grand, pour son âge (mais quel âge pouvait-elle bien avoir?), et il était mince, dans un tee-shirt style à rayures (mais ils le sont tous, un peu tekto sur les bords, ces temps-ci) pas moulant, mais pas très large, avec un pantalon esprit baggy, mais skatteur, donc un peu grand, mais pas immense non plus.
Je relevai les yeux, et m'adonnai à la contemplation de sa bouille: elle faisait une petite moue, qui donnait un air un peu boudeur à son visage presqu'enfantin, mais déja si fin à la fois, et si lisse, et si illuminé par ses yeux si dorés.
J'espérai un instant qu'il parle: mais non, grande maline, sa voix n'a pas encore mué, certainement, si muer elle doit, donc je restai là, à l'examiner sans vergogne, jusqu'a ressentir un certain trouble: je l'ai soudainement trouvée très beau. Je me suis dit que ce jouvenceau androgyne aux yeux safran était sûrement un modèle d'esthétique, si déconcertant, si fascinant...
Et à ce moment, je commençai à réaliser qu'il fallait peut être que je détache mes yeux de l'adonis, cela devait faire un certain temps que je le dévisageais de manière éhontée, et vous savez, cela ne se fait pas, n'est-ce pas?
La madame réseau Tbc interrompit le flot de mes pensées tourmentées en me disant que j'étais enfin arrivée à hôpital pallegrin, qu'il fallait que j'arrête d'importuner l'objet de mon trouble en ayant des considérations si attentionnées à l'égard de sa personne si imparfaitement parfaite.
Alors je suis descendue me prendre quantre heures de cours dans la gueule. Vlan.
(et vu que je dois traverser l'hosto pour arriver à la fac, et que l'hosto, c'est grand, et ben j'écoute sur le chemin REM: losing my religion)